du Colombier
généalogie

Autrefois sur le haut plateau du Mezenc (Freycenet)

Par

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le 01/01/1899

VESTIGES CELTIQUES

Bien qu'il n'y ait ni pierre ni grotte consacrée par une croyance populaire il est à peu près certain que le druidisme a laissé des trous sur nos montagnes. On voit encore des dolmens aux Courbes, il Bois-Vieux et aux environs au Montcheyrous. A l'est, au sud, à l'ouest et au nord du bourg de. Freycenet-Latour il y a quatre petits communaux ou couderts, correspondant aux quatre points cardinaux où devaient se tenir, aux diverses saisons de l'année, des réunions publiques. Il est fort probable que ces couderts avaient chacun leur autel ainsi que semble l'indiquer le nom que porte l'un d'eux Doulmasen. Les druides avaient leurs habitations aux mas-perdus ou à Chabinc, autour d'un petit mamelon boisé, en face du village de Freycenet.

VOIES ANCIENNES

Une ancienne voie romaine, allant de Saint-Agrève (Ardèche) à Solignac-sur-Loire, passait au nord de la commune. Les propriétés traversées par cette vieille route, pavée encore en maint endroits, portent le nom d'Estrade.

MONUMENTS RELIGIEUX

La commune ne possède qu'une seule église fondée on ne sait trop par qui, la famille Nicolas de Freycenet-Latour en avait le patronage. Ce qui le prouve c'est qu'elle possédait son tombeau dans l'église entre la chapelle dite Saint-Nicolas et les fonts baptismaux. Le vocable est Saint-Nicolas dont la fête se célèbre le 6 décembre. Elle commença, sans doute, par n'être qu'une simple chapelle dépendante de l'abbaye du Monastier. Elle fut rebâtie et agrandie par Charles Ter de Senecterre, abbé du Monastier baron de Freycenet-Latour vers l'an 1525. Son blason, gravé sur le portail de l'édifice, suffit à le prouver. On y voit les signes abbatiaux : la crosse et la mitre et puis les cinq fusées (fuseaux remplis) de la famille de Senecterre. Mais, étant trop petite, l'église fut agrandie en 1865. Le petit carré contenant l'autel fit place à un gracieux sanctuaire. On y ajouta aussi deux belles chapelles, le tout en style gothique s'harmonisant parfaitement avec la nef et les trois chapelles existantes déjà. Le portail taillé dans le mur de façade, avec encadrement, présente un aspect agréable. Il est surmonté du blason abbatial. Deux colonnes en trachyte soutiennent un fronton triangulaire d'un bel aspect.

La chapelle dite de la Sainte-Vierge, la plus rapprochée de l'autel, à gauche, est surmontée d'une pierre blasonnée représentant les armoiries de la famille André de l'Arc, de Freycenet-Latour.

On y lit : d'Azur à la croix de Saint-André au sautoir d'or, cantonnée à .dextre et à senestre d'une étoile et en pointe d'un croissant accompagné d'un arc ayant une flèche encochée et ajustée. Le pavé de cette chapelle, bâtie en 163.6, par la famille André de l'Arc dont elle fut la propriété jusqu'en 1865, renferme une grande dalle où sont grevés plusieurs noms que l'usure a fait disparaître en partie. Cette pierre recouvrait le caveau de la famille André de l'Arc et lors de la reconstruction de la chapelle on découvrit une série de cadavres rangés en ligne dont il ne restait que les ossements.

Le mobilier de l'église n'a rien de remarquable. Les portes, le confessionnal et l'autel Saint-Nicolas qui, sans style précis, présentent un certain cachet, semblent être l'œuvre du même ouvrier. Le sieur Alembert, menuisier habile, aurait, parait-il, fait ce travail vers l'année 1720.

Il n'y a aucune peinture murale, ni tableaux, ni tapisseries, mais seulement cinq beaux vitraux Posés tout récemment et dus à la générosité de plusieurs familles. Monsieur Moncton, curé décédé depuis peu, a doté l'église d'un superbe chemin de croix fabriqué à Lyon et de plusieurs statues d'une certaine valeur. Le clocher, avec sa belle flèche couverte en phonolithe, abrite une horloge publique et deux cloches. Elle est bâtie sur le caveau spécial des prêtres et s'élève à une assez grande hauteur.

Les deux cloches sont d'un poids relativement faible. La plus grande pèse environ 250 kilogrammes et la plus petite 150 seulement. La première porte la date respectable de 1525. On- y lit en lettres gothiques et gravées : Sainte-Barbe de la foudre et de la tempête délivrez-nous.

La deuxième nous est venue, dit-on, du clocher de Saint-Laurent au Puy. Elle fut baptisée en 1788 et eut pour parrain noble Jacques-Antoine Chambarlhac, chevalier, seigneur baron de la paroisse et pour marraine Jeanne-Marie Pichoix de Chambarlhac ; les noms de ses parrain et marraine y sont gravés au ciseau. Il y a eu, dans la commune, une maladrerie. Elle était située au nord du bourg de Freycenet-Latour sur la limite de la commune de Laussonne, à un kilomètre environ du village. Un chemin, encaissé entre des murs élevés., y conduisait. Les propriétés environnantes portent encore le nom de Maleiuteyre. Malheureusement aucune tradition ne révèle l'existence de cet ancien hôpital.

Freycenet-Latour a eu un ancien château mais c'est à peine si on en connaît l'empreinte. Il était, dit-on, surmonté de quatre tours et quelques pierres seulement marquent encore la place de Furie d'elles. Ce château qui avait été construit au commencement de l'invasion des Sarrasins (propriété des abbés du Monastier) fut incendié pendant les guerres de religion, vers l'année 1570 probablement à l'époque du siège de Fay-le-Froid. Toujours est-il que Borel nous apprend qu'au début de la guerre, la prnison de Freycenet-Latour comprenait cent quarante hommes. C'était à ce moment ta plus considérable du pays excepté celle du Puy. Après l'incendie de 1699 qui détruisit. vingt-six maisons à Freceynet-Latour, bon nombre de propriétaires incendiés rebâtirent leurs demeures autour de l'emplacement de l'ancien château, utilisant ses nombreux matériaux. Voilà pourquoi on retrouve à peine les traces de cette ancienne construction qui vers 728 avait servi d'asile- aux abbés du monastère Saint-Chaffre, en fuite. Plus tard, ajoute la tradition, une communauté de religieuses y fut installée. En effet, la Gallia Christiane, tome II, indique qu'en l'an 1080; Guilhaume IV, abbé du Monastier, fit venir de Séverac, en Rouergue, un certain nombre de jeunes filles qui vivaient en communauté et il les plaça dans le château de Freycenet-Latour afin qu'elles y trouvassent un abri contre les ravisseurs qui, à cette époque, circulaient dans tout le pays. C'est à cette occasion que le chroniqueur vante Freycennet comme étant une contrée où l'on peut vivre en toute sécurité, en souvenir, sans doute, du refuge qu'y avaient trouvés les abbés après la mort de saint Théophrède.

La commune n'a donné naissance à aucun personnage illustre. Quelques familles cependant ont joué un certain rôle et ont un titre de noblesse.

Citons d'abord Jean de Nicolas, de Freycenet-Latour dont le blason se lit d'hermines à un chevron, losange d'or et de gueules. Il a été inhumé à l'église dans le caveau de la famille vers l'an 1669. Cette famille a fourni un grand nombre de prêtres.

La famille André de l'Arc a été la plus importante. Au XVIIème siècle, Jean André de l'Arc était contrôleur de la reine Marguerite, princesse de Valogues. Charles, son fils, fut également contrôleur. C'est lui qui fit bâtir la maison actuellement habitée par la famille André de l'Arc. C'est une maison forte qui tient le milieu entre un ancien château et une maison ordinaire. On y voit une pierre où sont sculptées les armoiries, elle est semblable à celle qui se trouve au-dessus de la chapelle de l'église, décrite déjà. Cette famille qui a donné à l'Église un grand nombre de prêtres remarquables est encore représentée par M. Pierre André de l’Arc propriétaire et maire de Freycenet-Latour.