du Colombier
généalogie

Notice sur Le BARON DU COLOMBIER

Par Inconnu

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le 01/01/1860

(D’après une note manuscrite faite vers 1860)

Jean Pierre GREGOIRE du Colombier, Baron de l'Empire Chevalier de la Légion d'Honneur, naquit à Lyon, le 13 février 1769. Il était doué des plus heureuses facultés, fit d'excellentes études et fut destiné par sa famille à l'état ecclésiastique. Ses goûts le lancèrent dans une autre voie.

Maitre des arts à Paris, en 1785, il devint surnuméraire dans les domaines en 1786, Receveur en 1789 et vérificateur en 1792. Il embrassa avec modération les principes de la révolution, et fut nominé à l'assemblée projetée à Bourges. Alors commença pour lui une carrière nouvelle, où la supériorité de son esprit et ses facultés purent se montrer dans leur jour le plus brillant.

L'état sommaire des fonctions qu'il a remplies pendant 30 années présente des alternatives assez remarquables pour donner un aspect plein d'intérêt à sa carrière. M. du Colombier a trop bien mérité de son pays pour que l'historien consciencieux et impartial ne se fasse pas un devoir de contribuer à préserver son nom d'un injuste oubli.

C'est en 1793 que commença sa vie politique. - L'ambition et l'amour-propre n'entrèrent pour rien dans la part qu'il prit à la marche des événements : Il aurait pu trouver près des généreux et loyaux habitants des Hautes-Alpes lorsqu'il résidait parmi eux comme receveur, les témoignages les plus flatteurs sur sa conduite et son influence dans l'assemblée fédérative. Plus tard ils s'empressèrent de lui en offrir l'expression. Il fut forcé de quitter la France sans posséder d'autres ressources que ses talents ; professa en Suisse et en Allemagne les études classiques, les mathématiques, et sept langues qu'il parlait avec une égale facilitée.

Rentré en France, il fut replacé vérificateur des domaines en 1795, fut de nouveau déplacé en fructidor l'année suivante. Remis en fonctions avec le grade d'inspecteur en 1798 et envoyé dans le département de Jemmapes, le désir du repos et d'un bonheur paisible dont il n'avait pas joui encore lui firent épouser à Mons (Belgique) le 15 mai 1798 Adélaïde, Françoise, Hubertine, Josèphe FAIDER, née à Mons le 13 octobre 1777, fille de Charles Joseph FAIDER, Avocat au souverain Conseil du Hainaut, et d'Elisabeth, Françoise qui appartenait à une ancienne famille Belge. L'un des frères de Mme du Colombier s'attacha à l'Empereur, devint directeur des domaines à Erieth, et est encore directeur général à Bruxelles.

Jean Pierre GREGOIRE du Colombier inspecteur à Cambrai, par différentes circonstances, fut mis en rapport avec des chefs distingués de nos armées de terre et de mer. Il était connu de Napoléon qui était reçu intimement chez sa mère à valence, lorsqu'il y était officier d'artillerie. Il fut compris dans l'organisation des bureaux de l’armée de Bologne ; ses talents et sa facilité oratoire lui valurent des succès non contestés.

Il était frère de Caroline du Colombier marié au Baron de Bressieux dont il est question au mémorial de Ste Hélène.

A Valence, Napoléon fut admis de bonne heure chez madame du Colombier :

C'était une femme de cinquante ans, du plus rare mérite ; elle gouvernait la ville, et s'engoua fort, dès l'instant, du jeune officier d'artillerie : elle le faisait inviter à toutes les parties de la ville et de la campagne ; elle l'introduisit dans l'intimité d'un abbé de Saint—Rufe, riche et d'un certain âge, qui réunissait souvent ce qu'il y avait de plus distingué dans le pays. Napoléon devait sa faveur et la prédilection de madame du Colombier à son extrême instruction, à la facilita à la force, à la clarté avec laquelle il en faisait usage ; cette darne lui prédisait un grand avenir. A sa mort, la révolution était commencée ; elle y avait pris beaucoup d'intérêt ; et, dans un de ses derniers moments, on lui a entendu " dire que, s'il n'arrivait pas malheur au jeune Napoléon, il y jouerait infailliblement un grand rôle. L'Empereur n'en parle qu'avec une tendre reconnaissance, " n'hésitant pas à croire que les relations distinguées, la situation supérieure "dans laquelle cette dame le plaça si jeune dans la société, peuvent avoir grandement influé sur les destinées de sa vie.

Napoléon prit du goût pour mademoiselle du Colombier qui n'y fut pas insensible : c'était leur première inclination à tous deux, et telle qu'elle pouvait être à leur âge et avec leur éducation. Il est faux du reste, ainsi que je l'avais entendu dire dans le monde, que la mère ait voulu ce mariage et que le père s'y soit opposé, alléguant qu'ils se nuiraient l'un à l'autre en s'unissant, tandis qu'ils étaient faits pour faire fortune chacun de leur caté. L'anecdote qu'on raconte au sujet d'un pareil mariage avec mademoiselle Clary, depuis madame Bernadotte, aujourd'hui reine de Suède, n'est pas plus exacte. L'Empereur, en 1805, allant se faire couronner roi d'Italie, retrouva sur son passage à Lyon, la fille de du Colombier, et fit pour elle tout ce m qu'elle demanda. (Extrait du Mémorial de Ste Hélène) Lorsque ce grand développement ne fut plus qu'une démonstration, il fut employé d'une manière plus utile ; ses fonctions ne lui donnaient point jusque-là l'entrée de la- carrière administrative. Il débuta par la Sous-Préfecture de Bressuire, Comme ce poste ne semblait point en rapport avec ses services et sa position antérieure, il eut les honneurs d'une mission directe et d'un traitement particulier. Ses rapports avec le Préfet furent tels que cette position délicate n'excita aucun mécontentement mais bien des louanges. Lorsqu'en 1804, M. du Colombier arriva dans le département des Deux-Sèvres, Bressuire qui lui était confié avait considérablement souffert de la tourmente révolutionnaire ; sous les auspices et par les soins de son nouvel administrateur, il sortit de ses ruines et entra dans une voie de prospérité toujours croissante. Il fit reconstruire les halles, le collège ainsi que d'autres monuments utiles, fit rétablir le champ de foire, et, ce qui était plus difficile dans le moment, réinstaller les prêtres dans leurs cures respectives. On écrivait au gouvernement le 20 nivôse an 13, que la population de Bressuire qui n'était, en l'an 9, que de 630 habitants était parvenue à 1040 chiffre que cette ville a conservé et possédait encore en 1830. Les fabriques de laine qui, en l'an c faisaient 240 pièces d'étoffe en confectionnèrent en l'an 13, 700 ; dans le courant de l'année il s'éleva à Bressuire des fabriques de siamoises, de mouchoirs dans le goût de Chollet. La fabrique de fayence St Porchain fut rétablie.

Partout le zèle et l'activité de M. du Colombier se firent également sentir et remarquer. Il parvint à améliorer la situation morale et matérielle de la population répandue dans l'arrondissement de Bressuire. Il présida à la confection d'un grand nombre de voies de communication dans ce pays ou les routes semblaient inconnues ; propagea dans les campagnes de meilleurs procédés agricoles, encouragea plusieurs établissements pour l'instruction publique.

Son affabilité, son esprit de justice et d'impartialité lui gagnèrent tous les cœurs et l'estime de tous les partis.

Pour récompenser d'aussi utiles services, M. du Colombier fut nominé Préfet du département de la Loire, par décret impérial rendu au camp de Finkinstein le 3 Avril 1807.

Sous son administration ce département prit une face nouvelle : ces collèges s'élevèrent à Montbrison, Saint Etienne, Roanne, Saint Chamond ; des encouragements furent donnés à l'agriculture, des routes nouvelles vinrent relier entre elles des communes qui, jusque-là n'avaient jamais eu de relations avec les cantons. Une foule d’établissements publics : Palais de justice, prison, hôtel de la Préfecture, théâtres, furent rétablis. Le commerce prit son essor tout-à-coup. Les villes de Saint Etienne, Rive-de-Gier, Saint Chamond, surtout, foyers d'industrie active et dont les éléments étaient dans leur sol virent affluer dans leur sein un nombre de travailleurs chaque jour plus considérable. L'Empereur appréciant les heureux résultats de l'administration de M. du Colombier lui conféra successivement la décoration ce l'ordre de légion d'honneur et le titre de baron de l'Empire.

Par décret du 1er mai 1812, il fut nommé Préfet du département de Marengo. En apprenant la nouvelle de ce changement, la population de la Loire tout entière fit éclater ses regrets tant il avait su se concilier sa confiance et son affection, Donnant à tous les plus nobles exemples, recherchant avec ardeur toutes les infortunes pour les soulager. Par l'aménité de son caractère, le charme de sa conversation, son élocution facile et brillante renvoyant satisfaits et pleins d'espoir ceux mêmes aux prières desquels il n'avait pu faire droit.

C'étaient précisément ces heureuses qualités qui avaient déterminé l'Empereur à le mettre à la tête de ce département qui n'avait été réuni au territoire français que depuis quelques années et dont les habitants regrettaient profondément la perte de leur nationalité.

Sur ce nouveau théâtre M. du Colombier se montra digne de ses antécédents, sut acquérir la plus honorable popularité et accroître chaque jour le nombre des partisans du régime français. Pour faire apprécier les travaux d'utilité publique qui soit signalé son passage dans le département de Marengo, nous citerons ce qu'on écrivait aux principaux journaux français le 13 septembre 1813 Le passage vient d'être ouvert sur le pont Tanaro près d'Asti quoique cette construction ne soit pas à beaucoup près l'ouvrage le plus important de ce genre dont le Piémont ait été enrichi pendant la campagne de 1813, il n'en est pas moins un bienfait de f.m.I. et R. Depuis trois ans le département de Marengo compte déjà trois ouvrages de ce genre, et l'on passe aujourd'hui la Borimola, le Pô et le Tanaro avec autant de sécurité que les boca dont on usait offraient de dangers.

Les déplorables événements de 1814 ramenèrent en France M. du Colombier. Alexandrie, livrée aux Autrichiens par le général commandant la citadelle fut un coup mortel pour lui ; la déclaration qu'il en reçut de la bouche même du général lui occasionna une maladie nerveuse dont il ne devait pas guérir, malgré les soins de la faculté de Paris, la sollicitude et le désespoir d’une famille nombreuse.

Rentré en France laissant derrière lui son mobilier très considérable, sa fortune presque entière dont il ne reçut nul dédommagement, il ne fut point employé par la restauration. Un traitement provisoire de 5000 fce fut alloué à tous les Préfets chassés des possessions françaises. M du Colombier par une ordonnance du Roi datée du 4 septembre 1814 fut compris dans cette faveur qui ne lui fut jamais payée vu son attachement à l'erreur.

Il revint à Montbrison sûr d'y trouver des amis et habita le château du Poyet situé sur la lisière d'Auvergne qu'il devait en partie à la munificence de son oncle M. Carmaignac.

Au retour de Napoléon de l’ile d'Elbe il alla à sa rencontre à Lyon poussé à cet acte par ses sentiments et par le Préfet d'alors jaloux d'assurer la contenance et la tranquillité de son département L'Empereur l'accueillit comme un ancien serviteur et dont il connaissait le zèle ; il l'emmena avec lui et lui confia la Préfecture de Saône-et-Loire à son passage à Macon. Là au bout de quelques semaines ses forces trahirent son courage ; la maladie qu'il avait gagnée à la chute de l’Empire le força de demander sa retraite. L'Empereur lui accorda une pension de 6,000 Fce dont le premier trimestre seul lui fut payé. Il se retira de nouveau à la campagne avec sa femme et ses sept filles dont il avait eu l'espoir de voir compléter l'éducation dans la maison de la légion d'honneur de St Denis. Deux bourses leur furent retirées ; l'aînée et la seconde avaient terminé leurs études ; elles revinrent près de leur père pour se vouer à l'éducation de leurs plus jeunes sœurs dont une seule dorénavant devait profiter de celle de St Denis. Ces demoiselles s'y succédèrent.

Après les cent jours, M. du Colombier rendu de nouveau à la vie privée, ne possédant qu'une modique fortune en ayant laissé une partie irrécouvrable à Alexandrie, fonda dans la propriété qu'il devait aux bontés de son oncle une manufacture de draps qui procura du travail à un grand nombre d'ouvriers et répandit dans le voisinage l'aisance, le mouvement et la vie. Sa santé depuis longtemps altérée par des travaux excessifs, des vexations politiques dont son caractère eût dû l'exempter, les malheurs de sa patrie naguère si florissante et si heureuse, lui avaient causé une si douloureuse impression que les soins que lui prodiguait sa famille ne purent le distraire du chagrin de voir le malheur qui accablait le grand homme auquel il s'était dévoué. Il vint mourir à Montbrison le 18 mars 1819, au milieu d'amis fidèles, emportant au tombeau les regrets de ceux qui l'avaient connu et qui estimaient en lui la réunion de toutes les vertus publiques et privées. A la suite d'une chute qu'il fit dans le feu de sa cheminée, il lui vint un abcès dans la tête. Le Dr Lavey de Montbrison lui fit avec succès l'opération du trépan et il vécut encore 2 ans, avec une plaque d'argent obstruant le trou que lui avait laissé l'opération, une des premières tentées en France. Mr Lavey député, fils du docteur, m'a remis l'os enlevé à cette époque (son tombeau est dans le cimetière de Chazelle-sous-Lavière près de Montbrison).

Mme du Colombier dépendante ainsi que ses enfants des bontés de l'oncle de son se fit un devoir de réclamer, en 1830, l'arriéré de la pension de son mari ; elle ne l'obtint pas. Elle vint se retirer à Roanne après le mariage de sa fille aînée. Depuis ses six sœurs se sont également mariées à des hommes pour lesquels le nom de du Colombier était un titre. Malgré la modicité de leurs fortunes, elles élèvent leurs enfants de manière à honorer le nom de leur père.

Sa fille aînée a épousé Claude-Madeleine-Bergier de Beauregard. De ce mariage sont issus deux enfants : un fils Robert Bergier de Beauregard, actuellement receveur des domaines, marié à Mlle de Montrichard, et une fille mariée à M.Barrouin, ingénieur.